Les 4 équipages restant en course pensent avoir surmonté les étapes les plus dures et les plus délicates du raid Pékin-Paris 1907. Bien au contraire, ils vont vite découvrir que le territoire mongol leur réserve encore quelques hasardeuses péripéties dont il garde jalousement le secret.
"On avait attelé les chameaux vers 1 heure de l'après-midi, quarante-huit heures après la panne. Godard et du Taillis n'avaient pas la moindre idée de la distance qui les séparait d'Oudde, ni du moment où arriverait l'essence. Ils ne pouvaient qu'avancer lentement. Assis dans la voiture, ils progressèrent ainsi toute la nuit et toute la matinée du lendemain. Tous deux n'avaient rien bu ni mangé depuis vingt-quatre heures. Le soleil tapait dur. Du Taillis, en bon journaliste, notait que la température montait à 48 degrés. Leur peau brûlée se couvrait de cloques, et leurs lèvres se fendaient de larges crevasses, qui les torturaient lorsque le sable y pénétrait."
"On avait attelé les chameaux vers 1 heure de l'après-midi, quarante-huit heures après la panne. Godard et du Taillis n'avaient pas la moindre idée de la distance qui les séparait d'Oudde, ni du moment où arriverait l'essence. Ils ne pouvaient qu'avancer lentement. Assis dans la voiture, ils progressèrent ainsi toute la nuit et toute la matinée du lendemain. Tous deux n'avaient rien bu ni mangé depuis vingt-quatre heures. Le soleil tapait dur. Du Taillis, en bon journaliste, notait que la température montait à 48 degrés. Leur peau brûlée se couvrait de cloques, et leurs lèvres se fendaient de larges crevasses, qui les torturaient lorsque le sable y pénétrait."
(...) "Soudain, et sans que les hommes ne pussent les en empêcher, les bêtes quittèrent la piste : elles avaient flairé de l'eau ! Les deux conducteurs coururent devant leurs animaux et dénichèrent une flaque de boue fétide. Ils pressèrent la boue entre leurs mains et burent le liquide qui en coulait. Du Taillis chercha dans sa poche la dernière tablette de chocolat Potin, transformée en bouillie, et la divisa pour la partager avec Godard. Puis les chameaux furent remis dans la bonne voie ; mais le chocolat n'avait fait qu'augmenter la soif des deux hommes. Ils laissèrent tomber les guides, les chameaux s'arrêtèrent. Du Taillis et son compagnon avaient eu la même idée : ils se coulèrent sous le radiateur et aspirèrent le tuyau de vidange. Les dernières gouttes leur procurèrent à chacun deux gorgées d'une eau huileuse, qui leur sembla exquise."
(...) "Lorsque, à l'aube du dimanche 23 juin, l'Itala se glissa hors des murailles d'Ourga (ou Urga, la capitale mongole rebatisée en 1924 Oulan-Bator, ndlr), Borghèse savait qu'il laissait définitivement derrière lui les sables du désert. Il avait encore à parcourir 485 kilomètres avant de quitter la Mongolie ; néanmoins, en dépit des avertissements donnés par les Russes, le Prince pensait avoir surmonté le plus dur de l'aventure."
Borghèse en plein effort s'arcboute sur une pelle,
tandis qu'un porteur donne des coups de pied directement dans la roue de l'Itala
tandis qu'un porteur donne des coups de pied directement dans la roue de l'Itala
"A cinq heure du matin, l'Itala s'embourbait, bien au-dessus de l'essieu arrière, et tous crurent qu'ils allaient devoir rentrer à pied à Ourga, en s'excusant de leur septicisme. On ne voyait ni route ni piste. Pas le moindre échelonnement réconfortant de poteaux télégraphiques, car la ligne chinoise allait vers l'ouest, et non vers le nord-ouest, en direction de la Sibérie. Borghèse conduisait avec précaution, remontant une vallée en pente douce, toute brillante d'un vert qui paraissait suspect. Mais en dépit d'une allure assez lente, il n'eut pas un réflexe assez rapide lorsque la voiture, les roues arrière tournant toujours, s'enfonça d'un seul coup sur le côté, comme happée par le marécage."
L'Itala dépouillée de tout son chargement dans une région de sables mouvants.
On a fixé à l'arrière des cordes tirées par des boeufs. Il fallut mettre le moteur en route et provoquer
une panique parmi les animaux pour arriver à dégager les châssis du marais.
On a fixé à l'arrière des cordes tirées par des boeufs. Il fallut mettre le moteur en route et provoquer
une panique parmi les animaux pour arriver à dégager les châssis du marais.
(...) "En tâchant de contourner les montagnes, à mi-hauteur des contreforts, le pilote ne réussit qu'à fourvoyer sa monture dans des sables mouvants. Sans préavis, l'Itala s'enfonça sous eux. Ils dégringolèrent de la voiture, mais comme leurs pieds touchaient le sol, celui-ci céda, puis rebondit comme un tremplin élastique. Horrifiés, les Italiens le virent se soulever, et s'aperçurent qu'ils se trouvaient sur une vaste poche de boue liquide, dont la surface avait séché au soleil. Sa solidité était comparable à celle de la peau sur du café au lait. Borghèse voulut mesurer la profondeur de la boue au moyen d'une longue pelle, qui s'enfonça sans toucher le fond. Déjà les essieux et le marche-pied disparaissaient doucement ; le châssis touchait la mince croute. Allait-on le voir s'engloutir à jamais ?"
L'Itala, encore une fois dépouillée de son chargement, passe l'Iro à gué.
Guizzardi transporte sous sa veste la magnéto démontée
Guizzardi transporte sous sa veste la magnéto démontée
(...) "Mais la forêt céda la place à la plaine et l'herbe au sable. Le ciel s'assombrissait rapidement. Du fond de l'espace leur parvint le premier souffle de l'ouragan. Il arrivait, balayant le sable, le soulevant, l'érigeant en une énorme colonne mouvante, qui s'abattit sur eux, les aveugla. Mais Borghèse refusait d'arrêter la voiture. Le dos courbé, aplatis sur leurs sièges, les hommes avancèrent au coeur de la tornade, puis sentirent enfin décliner la force des éléments. La tempête passée, il restait encore à trouver Kiakhta. Devant eux, l'étendue de dunes évoquait tristement les déserts qu'ils avaint traversés, et le bassin dans lequel ils s'enfonçaient n'était pas sans ressemblance avec celui du Gobi. Ils devaient sans cesse dégager le sable mou devant les roues de la voiture. Un demi-kilomètre leur prit une heure..."
3 commentaires:
bonjour merci encore pour toutes les photos on a ainsi l impression d etre la magnifiques pays ou regnent une entraide qui force l admiration en france c est plus chacun pr soi quelle erreur elle a fiere allure une vrai star qui n a rien a envier aux plus recentes forcement exposee sur l equivalent des champs elysees elle ne peut qu etre fiere bisous a vs deux et bravo
Quelle classe cet acceuil en Mongolie, j'espére pour vous qu'il sera le même partout. Bon courage a vous et a bientot sur le web
dommage que cette interview soit tronquée, j'ai hâte de savoir comment en 400km on change de monde... en Russie.... en tout cas, mes respects pour la persévérance !
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