"On s'arrêta près d'un village pour demander de l'eau. Les villageois firent cercle autour de l'Itala, en regardant continuellement sous la voiture.
– Où est le cheval ? demandaient-ils.
On avait apporté de l'eau, et la bête l'avait avalée, mais... où était donc la bête ? Guizzardi souleva le capot pour leur montrer le moteur. Cà ne leur disait rien du tout. Il n'y avait toujours pas d'animal !"
(...) "Les Italiens gagnèrent la ville et trouvèrent à se loger dans l'une des auberges. Quant aux porteurs, surexcités par le travail de forçats qu'ils venaient d'accomplir, ils s'arrangèrent pour bénéficier du prestige magique du "Chi-Cho", et racontèrent à la ronde que, la veille, la voiture avait roulé toute seule. Ce récit fut reçu non seulement avec incrédulité, mais encore avec une ironie méprisante. Ettore Guizzardi, respectant l'ordre du prince Borghèse, mais profondément humilié d'avoir fait entrer l'Itala au bout d'une corde dans une ville aussi importante, n'en put supporter davantage. Il bondit sur son siège, démarra, et se mit à tourner en rond dans la cour du caravansérail. Les spectateurs, enfin convaincus, prirent peur. Affolés, ils se rurèrent vers la porte, escaladèrent les toits des étables. En quelques secondes, tout le monde avait disparu."
(...) "Une nouvelle demi-heure s'écoula. Puis un remue-ménage se fit entendre sur les marches du palais. Des courtisants arrivaient à reculons, avec tous les signes d'un profond respect. Le Grand Lama, accompagné de son épouse, fit une entrée ostentatoire, passa devant les porteurs de clochettes et de tambours, utilisés dans les cérémonies solennelles, et descendit dans la cour.
– Ma parole, que ce dieu est vilain ! murmura Bizac.
Après avoir contemplé les voitures, le dieu vivant demanda qu'on les fît marcher. Cormier l'invita à monter dans sa De Dion. Le Grand Lama refusa, mais ordonna à l'un de ses moines de le faire, et éclata de rire en le voyant tourner en rond dans la cour."
(...) "Le gouverneur chinois demanda l'extrême faveur d'une promenade en automobile, prière qui ravit le Prince, car le gouverneur était le représentant officiel du Wai Wu Pu. Vêtu d'une somptueuse robe de soie, et les plumes de paon, insignes de son rang, ornant son chapeau rond de velours, le gouverneur monta en voiture. L'Itala démarra avec une brusquerie qui offusqua l'escorte du haut dignitaire, dont les chevaux étaient toujours attachés aux grilles de la résidence. Riant sous cape, Borghèse accéléra ; la natte du gouverneur flotta horizontalement dans le vent, et, au sein d'un nuage de poussière, l'Itala fila vers la cité russe. L'escorte poussa un cri d'épouvante ; on détacha les chevaux et on se précipita à la poursuite de la voiture, manteaux claquant au vent et sabre cliquetant."
On avait apporté de l'eau, et la bête l'avait avalée, mais... où était donc la bête ? Guizzardi souleva le capot pour leur montrer le moteur. Cà ne leur disait rien du tout. Il n'y avait toujours pas d'animal !"
(...) "Les Italiens gagnèrent la ville et trouvèrent à se loger dans l'une des auberges. Quant aux porteurs, surexcités par le travail de forçats qu'ils venaient d'accomplir, ils s'arrangèrent pour bénéficier du prestige magique du "Chi-Cho", et racontèrent à la ronde que, la veille, la voiture avait roulé toute seule. Ce récit fut reçu non seulement avec incrédulité, mais encore avec une ironie méprisante. Ettore Guizzardi, respectant l'ordre du prince Borghèse, mais profondément humilié d'avoir fait entrer l'Itala au bout d'une corde dans une ville aussi importante, n'en put supporter davantage. Il bondit sur son siège, démarra, et se mit à tourner en rond dans la cour du caravansérail. Les spectateurs, enfin convaincus, prirent peur. Affolés, ils se rurèrent vers la porte, escaladèrent les toits des étables. En quelques secondes, tout le monde avait disparu."
(...) "Une nouvelle demi-heure s'écoula. Puis un remue-ménage se fit entendre sur les marches du palais. Des courtisants arrivaient à reculons, avec tous les signes d'un profond respect. Le Grand Lama, accompagné de son épouse, fit une entrée ostentatoire, passa devant les porteurs de clochettes et de tambours, utilisés dans les cérémonies solennelles, et descendit dans la cour.
– Ma parole, que ce dieu est vilain ! murmura Bizac.
Après avoir contemplé les voitures, le dieu vivant demanda qu'on les fît marcher. Cormier l'invita à monter dans sa De Dion. Le Grand Lama refusa, mais ordonna à l'un de ses moines de le faire, et éclata de rire en le voyant tourner en rond dans la cour."
Le Grand Lama d'Urga, dieu vivant et incarnation de Bouddha, regarde attentivement la Spyker.
(De droite à gauche) Godard, Cormier, du Taillis
(De droite à gauche) Godard, Cormier, du Taillis
(...) "Le gouverneur chinois demanda l'extrême faveur d'une promenade en automobile, prière qui ravit le Prince, car le gouverneur était le représentant officiel du Wai Wu Pu. Vêtu d'une somptueuse robe de soie, et les plumes de paon, insignes de son rang, ornant son chapeau rond de velours, le gouverneur monta en voiture. L'Itala démarra avec une brusquerie qui offusqua l'escorte du haut dignitaire, dont les chevaux étaient toujours attachés aux grilles de la résidence. Riant sous cape, Borghèse accéléra ; la natte du gouverneur flotta horizontalement dans le vent, et, au sein d'un nuage de poussière, l'Itala fila vers la cité russe. L'escorte poussa un cri d'épouvante ; on détacha les chevaux et on se précipita à la poursuite de la voiture, manteaux claquant au vent et sabre cliquetant."
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