dimanche 19 août 2007

Le Black Market

Après cinq jours à ahaner dans le désert du Gobi, notre "vieille dame" goûte en ce moment à la tranquillité d’une ville, qui, si elle n’est pas des plus jolies, offre un visage détendu et bienveillant aux voyageurs de passage : Oulan-Bator. Après la rudesse du Sud, ses villes décharnées, poussiéreuses et mal approvisionnées, il nous faut faire quelques emplettes pour remplacer les oripeaux qui manquent désormais à notre 5 HP, principalement des boulons et un ressort plus détendu qu’usé.

Si des petits garages hautement spécialisés – certains s’occupant exclusivement des pneumatiques, d’autres des batteries, d’autres encore des vidanges – sont désormais établis le long des routes qui traversent la banlieue de la capitale mongole, il est un lieu où l’on trouve tout et plus encore, et ce, de manière extrêmement centralisée.

Le Black Market, c’est son nom, est le plus grand bazar de la ville et même de Mongolie. Il est tellement vaste qu’il est divisé de fait en "quartiers", et l’un de ceux là s’est fait une raison d’être plus qu’une passion : l’automobile. Moteurs, amortisseurs, boîtes de vitesses, pare-chocs, tout est là pour réparer au mieux les nouveaux coursiers des "jadis nomades" désormais sédentaires. Ici, avec un minimum de patience et de bons talents de négociateur, on peut venir avec une simple carcasse de voiture, et contre quelques poignées de billets de milliers de tugrut, pour repartir avec l’ensemble des éléments manquants.

Mais que les propriétaires d’automobiles en parfait état de fonctionnement se rassurent, on trouve au Black Market bien d’autres choses. En fait, tout ce qui se vend ou presque à Oulan-Bator passe par ce lieu où , un simple quidam comme vous et moi, peut pénétrer pour la modique somme de 50 tugrut (environ 4 cents d’euro). Un Rungis "tous produits" à la portée du plus grand nombre en somme !

Pèle-mêle, s’entassent dans cet incroyable bazar à ciel ouvert des vêtements de tous types – traditionnels ou modernes – mais aussi des savonnettes, des vélos, des ustensiles de cuisine, jusqu’aux éléments nécessaires pour construire entièrement sa yourte ou bien de quoi seller son fier destrier. Des dizaines d’allées où se bousculent des clients pressés et où les chariots à roulettes des porteurs manquent à chaque tournant de rendre douloureux les mollets des passants de devant. Aux touristes de passage, je n’aurais qu’un conseil : "prenez garde !", l’endroit recèle les meilleurs pickpockets du Héros Rouge, traduction littérale d’Oulan-Bator.

Vous êtes plus que prévenu !!!

Fabien

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