vendredi 31 août 2007

Reportage "Kilomètre 4400"

Chronique "Des Routes et des Hommes"
par Anne-Françoise Lyasse - France Bleu

"Hips... Pardon... C'est la dernière d'Ensemble tout l'été... Mais le voyage continue, on ne cesse de vous le dire, tous les jours. Ici même, sur le site de France Bleu, sur le Blog et dans La Compil des auditeurs du lundi au vendredi à 22h05. Restez nous fidèles, en commençant par la chronique du jour... Vous allez voir, entendre, Fabien est rigolo quand il est grognon."

Source : France Bleu

Vice-visas

Nous le savons, Élise, Fabien et leur monture sont en retard. Très en retard. Il y a peu, ils abordaient le territoire russe avec pas moins de 11 jours de décalage sur leur programme. Décalage que la "vieille dame" n'a pas eu le courage ni l'énergie de combler, il faut la comprendre !

Leurs visas russes expirent donc le 5 septembre prochain et en sachant qu'ils ont encore quelques 4 750 kilomètres à parcourir pour traverser la Russie jusqu'à la frontière lettonne. Autant dire que c'est mission impossible d'être dans les temps (Grégory de France Bleu, ne nous contredira pas !).

A raison de 300 à 350 kilomètres par jour (si la Torpédo veut garder son honneur), il leur faut prolonger ses fameux visas d'au moins 15 jours. L'aventure risquerait fort bien de se corser, s'ils n'arrivaient pas à obtenir ses précieux sésames ou bien, en cas d'accord de prolongation, s'ils rencontraient de nouvelles grosses embûches sur leur chemin russe. Alors, là ???...!

Bon ! Pour l'instant, ne nous inquiétons pas et gardons pour eux, la sérénité du voyageur. Leur "appel à l'aide" a été envoyé hier par internet. Reste plus qu'à croiser les doigts pour que l'administration soit compréhensive...

Et comme le dit notre journaliste préférée, "l'aventure continue..."

Bon anniversaire madame Rolls Royce

Enfin, nous roulons ! Rien ne semble pouvoir nous arrêter ! Notre bolide se sent pousser des ailes depuis qu’elle s’est essayée sur les pistes de l’aérodrome. Et pourtant, nouvelle apparition !

La route nous révèle une nouvelle surprise, une autre belle rencontre. L’élégance incarnée, la classe sur quatre roues, une ligne irréprochable : madame Rolls Royce en personne !

Elle emprunte la même route que notre "vieille dame" mais en sens inverse. Dan et Maryline, couple de canadiens installés au Costa Rica, ont décidé d’offrir à leur "belle dame", et pour ses cinquante ans, un tour du monde. Rien que cela ! Ils sont partis du grand Ouest canadien pour rejoindre Shanghai. Après avoir traversé l’Europe, les voici en Russie.

Leur périple prendra fin courant octobre, nous leur souhaitons bonne route et encore bon anniversaire à madame Rolls Royce.

Les Pékinois

La rencontre avec Scipion

Remplis d'émotion des rencontres du matin, et décidés cette fois à avancer de quelques kilomètres dans la journée, nous voyons se dessiner face à nous une merveilleuse mécanique sortie tout droit du passé. Abasourdis, nous n’en croyons pas nos yeux. Que vient-il de se passer ? Quelqu’un aurait-il remonté les aiguilles du temps ? Sommes-nous repartis cent ans en arrière ? Le temps de prendre conscience de ce que nous venons de voir, de réaliser, il est déjà trop tard. Le fantastique engin n’est plus là ! Était-ce un mirage ? Vite ! Demi-tour ! Rattrapons le…

Ce n’était pas un mirage, nous n’avons pas rêvé. Une Itala ! Et quelle Itala ! L’Itala du prince Scipion Borghèse en personne, celle-là même qui cent ans auparavant, avait couvert le même trajet. Afin de boucler la boucle, la voici aujourd’hui faire le chemin en sens inverse et relier Pékin depuis Paris. À son bord, deux italiens – vous vous en seriez douté – qui ont eu l’audace de demander au musée de l’automobile de Turin de rendre à "César ce qui lui appartient" et de permettre à la fameuse gagnante du raid Pékin-Paris 1907 de renouveler ses exploits cent ans plus tard.

Scipion Borghèse qui rêvait de gloire,
aurait-il pu seulement imaginer que son Itala roulerait sur ses propres traces, 100 ans plus tard ?




Imaginez notre surprise ! Notre joie ! Voire même, il faut le reconnaître, notre envie face à une telle rencontre. Un seul mot : "Bravissimo" aux italiens et tout particulièrement à Luciano, le pilote émérite et Roco, le mécanicien qui s’occupe de la dame centenaire.

À gauche, le pilote Luciano (en 1907, c'était le prince Scipion Borghèse)
À droite, le mécanicien Rocco (en 1907, c'était Ettore Guizzardi)

Ils sont véritablement les vainqueurs du raid Pékin-Paris. Espérons que dans cent ans, quelqu’un aura la folle idée de lancer à nouveau notre "vieille dame" sur ces routes.

L'Itala est escortée d'une impressionante caravane...

...pour assurer sa progression

jeudi 30 août 2007

Reportage "Tomsk"

Chronique "Des Routes et des Hommes"
par Anne-Françoise Lyasse - France Bleu

"Les Pékinois seront-ils sans papier en Russie ? C'est la question de la semaine. Ils ont bien un petit côté citoyen du monde, d'accord, mais de là à être clandestins, faut pas pousser. Ils s'activent donc entre l'administration russe et la diplomatie française. Une dérogation, c'est le plan A... Manque toujours un plan B, mais vous pouvez l'entendre, le moral est bon."

  • Tomsk (04 mn 49 / France Bleu, jeudi 30 août 2007 - 12h50)
Source : France Bleu

La roue de la fortune

Il y a des jours où le mot chance prend tout son sens. A quelques kilomètres d’Atchinsk, sur la route menant à Tomsk, nous longeons une base aérienne, où de vieux avions à hélices, nous lancent un appel à la photographie. Pourquoi se contenter de clichés volés derrière les grillages et barbelés ? Notre "vieille dame" aurait tout à fait sa place parmi ces "vieux coucous". Aussi, aux pékinois, rien d’impossible !!!


Nous tentons de franchir l’enceinte des lieux. Le "Niet !" de désapprobation ne se fait pas attendre. Heureusement, deux russes ayant repéré notre partenaire et nous avait suivi. Ils nous guident jusqu’aux bureaux de la base pour négocier une autorisation de passage. Après négociations qu’ils s’empressent de mener à notre place. En attendant, la "vieille dame" dévoile ses dessous aux admirateurs des lieux. L’un d’entre eux s’inquiète de l’état de notre roue arrière droite, celle là même qui nous a fait tant souffrir sur les pistes du Gobi. On regarde, on analyse, on essaye de comprendre le pourquoi du comment… et on finit par démonter.


La soudure du tambour réalisée par le mécanicien mongol nous a lâchement lâchés. Mais ici, le matériel nécessaire à la réparation de notre redoutable roue est disponible. Notre mécanicien s’empare du tambour et disparaît quelques temps. Pour patienter, nous sommes invités à prendre le thé et quelques gâteaux à l’infirmerie de la base. Nous entrons, la table est dressée, comme si l’on nous attendait depuis longtemps. Entre une gorgée de thé et quelques anecdotes de notre périple, voici une équipe de télévision qui débarque à son tour (une habitude en Russie). Le temps d’une brève interview, nous pouvons reprendre nos discussions et attendre l’arrivée de notre mécano et du tambour. Quelques tours de clés plus tard, la "vieille dame" ne boîte plus et est parée au décollage. Ce pourquoi nous nous étions arrêté va pouvoir se réaliser. Quoique… le gardien de la zone ne semble pas avoir été informé de notre autorisation spéciale et nous essuyons à nouveau un "Niet !" qui se transforme en "Da !" suite à l’intervention d’un agent de sécurité.

Après les pistes, les routes, chère "vieille dame", nous t’offrons le tarmac. Nous pouvons dire que nous la gâtons notre partenaire. Elle semble d’ailleurs apprécier le geste et prend les plus belles poses face aux machines russes. Ne résistant pas à l’invitation d’une visite dans l’un des avions, nous faisons une petite infidélité à notre Citroën et nous nous retrouvons "aux commandes" d’un Antonov II, bien évidemment, ce dernier étant à l’arrêt. Si nous ne nous étions pas arrêté, si nous n’avions pas été suivi, si la "vieille dame" n’attirait pas tant l’attention, quelques kilomètres plus tard, nous aurions certainement eu de réels problèmes avec notre satanée roue. Vous nous direz, avec des "si", on pourrait mettre Pékin et Paris en bouteille. Mais on peut le dire, aujourd’hui, la chance était avec nous. Ce petit tour de piste terminé, après quatre heures en compagnie de nos hôtes, il est grand temps pour nous de poursuivre notre chemin. Nous quittons donc la base aérienne d’Atchinsk avec ce petit pincement au cœur que l’on ressent lorsque l’on a rencontré des personnes si charmantes. Mais la route est encore longue et les occasions de belles rencontres sont nombreuses. Alors, en voiture !


Les Pékinois

mercredi 29 août 2007

A star is born

La "vieille dame" n’en finit plus d’être admirée. Si chaque jour, des centaines d’automobilistes nous saluent avec moult coups de klaxons, si quand nous nous arrêtons quelque part, un attroupement se forme à coup sûr, ces hommages spontanés ne semblent plus lui suffire. Désormais, il lui faut briller en images aussi. Que ce soit à Irkoutsk ou bien à Krasnoyarsk, son envie d’être à nouveau sur le devant de la scène s’est révélée être plus qu’un simple caprice puisqu’en cinq jours à peine, ce n’est pas moins de deux reportages qui lui furent consacrés. Ne le lui répétez pas, si elle est l’objet de toutes les attentions, au final, quand nous sommes interviewés, c’est à propos de l’accueil des russes qu’il nous faut le plus souvent nous exprimer. Si elle brille, c’est aussi un peu (surtout ?) grâce à nous.


À Irkoutsk


À Krasnoyarsk