mardi 11 septembre 2007

La saga des visas (2) : Les clandestins bénis

Nous prîmes le bus, notre destination nous était connue mais notre sort restait sombre et déteignait sur notre moral. Les quatre heures de route menant à Iekaterinbourg nous paraissaient interminables. Nous atteignîmes enfin notre destination.

La prochaine étape consistait à rejoindre l’Alliance Française afin de trouver l’interprète indispensable pour démêler nos problèmes administratifs. Après le récit de nos déboires à nos interlocuteurs, Monsieur Edward de Lumelay, consul honoraire de Iekaterinbourg, et Mademoiselle X (qui souhaite rester anonyme mais qui se reconnaîtra), ces derniers semblaient perplexes quant à l’issue positive de notre situation. Mais ils s’engagèrent à nous aider et à nous accompagner, dès le lendemain matin, dans les bureaux du Centre Fédéral de l’Immigration. En effet, ces derniers n’ouvraient que trois jours par semaine, à savoir les lundi, mardi et vendredi. Il s’agit de prendre garde à qui subit des mésaventures identiques aux nôtres de ne pas être retardé par les horaires de l’administration… En attendant, il nous restait à prendre un peu de repos dans un hôtel confortable mais très coûteux de la ville. Aidés de Mademoiselle X, nous épluchions les pages jaunes à la recherche d’un hôtel n’affichant pas "complet" et qui daigne nous accueillir sans visa (tout séjour dans une ville russe nécessite un enregistrement de votre passage*). Mission impossible ! Clandestins nous étions, clandestins nous resterions. Les portes se fermaient à notre nez les unes après les autres.

La chapelle Saint Anne, enclavée à Iekaterinbourg

Aussi Edward, installé à Iekaterinbourg depuis neuf mois, nous emmena à la paroisse catholique de Saint-Anne où le Père Alexis, prêtre français de 92 ans et installé en Russie depuis 14 ans, officie. Nous cherchions asile, il nous accueillit. Le Père Alexis écouta longuement le récit de nos aventures et se montra très intéressé. Il nous parla à son tour de sa vie passée en France où il enseignait le russe à l’école polytechnique. Quand les frontières russes se sont ouvertes, il n’a pas hésité, il a tout abandonné et est venu s’installer ici, en Russie. L’homme est petit, semble fragile mais sa stature s’étoffe lorsqu’il prend la parole et ce fut à notre tour de l’écouter longuement. Les présentations faites, il nous fit visiter les lieux et notre chambre. L’endroit était cosy et chaleureux. Nous nous y sentions bien. Mais l’hospitalité du Père ne s’arrêta pas à nous offrir un toit pour nous abriter, il nous convia également à partager son repas. Le dîner fut joyeux, le Père Grégory était également avec nous et, lui aussi, semblait passionné par notre périple. Nous regrettions que la "vieille dame" ne soit pas avec nous, ici comme ailleurs elle aurait été fort appréciée.

Cependant l’heure tournait, la journée qui s’annonçait le lendemain risquait d’être longue et difficile. De plus nous commencions à ressentir les effets de la nuit précédente et le stress accumulé nous fatiguait grandement. Aussi nous regagnâmes notre chambre, heureux de ces nouvelles rencontres et commencions à croire fortement aux paroles de Génia le mécanicien : "Bolschoï Aureol"… Étions-nous réellement des clandestins bénis ? Nous ne le saurions que le lendemain.

Les Pékinois.

* Sur présentation des passeport et visa, on vous remet un justificatif tamponné qu’il est heureux de présenter au passage de la frontière, plus vous possédez de justificatifs, moins vous aurez de problèmes avec les douaniers…

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